09.07 – 11.07.2021
Stand V1
Palacio Neptuno, Madrid, Espagne

Hélène Damville, Paul de Pignol, Olivier de Sagazan et Cedric le Corf

 
Notre proposition a tourné autour de l'univers de 4 artistes français, peintres, graveurs, dessinateurs et sculpteurs. Cette proposition fait la part belle à la thématique du paysage ainsi qu'à celle du vivant, animal et végétal.

HÉLÈNE DAMVILLE

Née dans une famille d’artistes en Normandie, Hélène Damville a toujours pratiqué le dessin d’après nature. Cette passion pour l’observation du vivant (animal et végétal) l’a conduite à fréquenter le Muséum d’Histoire de Paris où elle découvre Buffon et les naturalistes. Elle copie à l’envi les planches de ses maîtres, se familiarisant ainsi avec la complexité d’un squelette et de ses articulations ou bien des réseaux et ramifications du monde végétal, tous ces éléments secs qui sont à la fois l’architecture de la vie et la trace du vivant quand la vie est passée. Parallèlement à ses fréquentations assidues des salles du muséum, elle complète sa formation en suivant des cours d’anatomie artistiques et passe un Master de philosophie orientale à la Sorbonne. C’est dans cet environnement d’analyses scientifiques, philosophiques et artistiques qu’elle bâtit son corpus gravé. Le désir d’être au plus près de la matière vivante l’amène à choisir la gravure comme médium principal de ses recherches. La gravure mais plus précisément la taille directe sur métal et sur bois. C’est en effet par la ligne et un trait vigoureux que l'artiste réussit à traduire l’essence de la vie dans ses œuvres. Elle se forme au burin sur cuivre auprès d’André Bongibault, à l’atelier L’estampe de Chaville puis se perfectionne en gravure ornementale sur métal à l’école Boulle. L’humain est rarement directement représenté. Néanmoins l’artiste nous suggère sa présence par des jeux de juxtaposition de matrices, rappelant les expériences de Rodin qui aimait superposer ses sculptures dans des dispositifs ludiques et surréalistes avant la lettre. Ainsi de deux têtes de lamantins inversées, naît une troublante évocation de vanité, qui nous interroge à la fois sur notre finalité, mais également sur nos origines.

De la gravure au tatouage
Ce travail du trait dans l’épiderme du bois trouve naturellement chez Hélène Damville son prolongement dans l’art ancien du tatouage. Depuis quelques mois elle est donc entrée en apprentissage dans le salon parisien du tatoueur Alessio Pariggiano. Elle qui aime travailler la matière organique a trouvé la niche artistique qu’elle cherche depuis des années : « la peau est un magnifique support dont le volume permet au dessin de Souche vague devenir sculpture vivante ».

De 2014 à 2015, elle fut membre artiste de l’Academie de France à Madrid, Casa de Velazquez. En 2017, elle gagna le prix Jean Asselbergs, Fondation Taylor.

PAUL DE PIGNOL

Paul de Pignol est né en France en 1965. Il vit et travaille à Paris. En 1984, il entre à l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier de peinture de Pierre Carron. Il réalise sa première sculpture « Fille au Ballon » en 1989, inspirée par les Vénus de Lucas Cranach. Peu à peu la sculpture s’impose dans son travail. À partir de 2010 le dessin prend une importance particulière lorsqu’il décide de lui consacrer un atelier spécifique à Paris. Dès lors une parenté s’instaure comme une évidence entre ces disciplines. Qu’il sculpte ou dessine, Paul de Pignol révèle un processus unique : une plongée dans la substance intime de l’être. Son travail se concentre principalement sur la figure féminine autour de thématiques universelles : la naissance, la vie, la mort. À travers l’exploration du corps féminin il interroge sa fonction, sa masse, sa composition, sa décomposition et sa présence dans un va-et-vient entre le dedans et le dehors. Les dessins de l’artiste sont le prolongement d’un travail de recherche sur les volumes où il perpétue le geste du sculpteur en posant la lumière par petites touches d’effacement de matière. Les corps ainsi révélés possèdent une présence spectrale.

Depuis 2017, et après des années d’échecs, de rejets et d’errances, Paul de Pignol trouve un langage pictural complémentaire à ses recherches. Son exposition Né du limon chez la galerie Loo & Lou en 2019 est la résultante de cette quête. Principalement orientée sur le thème du paysage, influencé par la proximité de son atelier à la forêt de Fontainebleau, l’artiste ne s’écarte pas pour autant de ses obsessions antérieures. L’idée que toute vie puisse naître de la pourriture et de la putréfaction le hante et le fascine toujours. Il en obtient des paysages organiques mouvants. On y sent la tourbe et l’humus. On est proche du Golem. Cette exposition avait réuni donc pour la première fois des dessins, des sculptures et des toiles, ce qui représente pour l’artiste, tant au niveau du sujet qu’il traite que par la multiplicité des médiums utilisés, un renouveau jouissif et fertile.

OLIVIER DE SAGAZAN

Né en 1959 à Brazzaville au Congo, Olivier de Sagazan vit et travaille à Saint-Nazaire. Biologiste de formation, il s’intéresse au vivant et cherche à établir au travers de son œuvre, une sorte de généalogie du sensible pour comprendre comment à un moment donné, la matière inerte structurée en cellules a engendré du vivant et de la sensibilité.
Depuis près de 25 ans, le travail d’Olivier de Sagazan est principalement axé sur le corps humain. En parallèle de ses créations – peintures, sculptures, installations -, Olivier de Sagazan réalise des performances, très remarquées dans le monde entier, au cours desquelles il fait de son corps le support d’un surmodelage usant de l’argile et de la peinture.
Intervenant sur son visage et son corps, au fur et à mesure d’une gestuelle chorégraphiée, il crée les conditions, d’une métamorphose radicale.
Pour la partie plastique, ses matériaux de prédilection sont l’argile et l’herbe, qu’il assemble et pétrit pour créer une matière vivante de laquelle va apparaître un monde polymorphe composé de personnages, et un bestiaire dans lequel l’humain se mêle à l’animal.

CEDRIC LE CORF

Cedric Le Corf est né en 1985 à Bühl, près de Baden-Baden (Allemagne), il vit et travaille en Bretagne, dans le Morbihan. Diplômé en 2009 avec les félicitations du jury et mention de l’École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne de Lorient.
Le paysage anatomique d’après les planches de Jacques Fabien Gautier d’Agoty s’est imposé au fil du temps comme le sujet de son travail. Peu à peu l’homme dépecé se métamorphose en homme paysage. L’homme, l’arbre et la terre ont en commun de posséder tous trois une écorce et donc de pouvoir être écorchés. Un corps disséqué n’est-il pas aussi une vaste étendue paysagée aux multiples accidents, de plissements et de crevasses ? La moindre rugosité osseuse n’est pas sans rappeler les paysages rocheux de Patinir ; le réseau veineux, artériel ou nerveux irrigue telles des rivières et des fleuves les plaines et les estuaires ; les muscles, glaise de la Genèse, modèlent gorges et tertres. Se servant de cette métaphore, il emploie des racines végétales comme élément paysagé pour y imbriquer os, vertèbres ou rotule en porcelaine. La racine dans son sens étymologique est en effet une partie d’un élément implanté dans un autre, ne dit-on pas la racine d’une dent, d’un cheveu, la racine dorsale. Il oppose ainsi l’élément brut du chaos à la maîtrise de la création, l’aspérité au poli, la décomposition à l’inaltérable, la pérennité de l’art à l’homme éphémère. Imprégné de l’héritage rhénan et armoricain, confronté au pathos de Grünewald, de Baldung Grien, des pendus « Des misères de la guerre » de Jacques Callot à « l’Ankou », des danses macabres de Kernascléden où l’animé et l’inanimé se côtoient, jusqu’à l’horreur des charniers de Sobibor, il essaie, en s’attachant au motif, de faire sourdre de sa substance la sculpture, la peinture ou la gravure que le sujet recèle.

Il a fait plusieurs résidences d’artistes, la Fondation Dufraine à Chars, Académie des Beaux-Arts 2016 2018, la Résidence Spitzberg Expédition 2017, Membre de la Casa Velasquez à Madrid 2018-2019, la Fondation Miro à Palma de Majorque 2019. Il a reçu le Prix Georges Coulon (sculpture) de l’Institut de France, Académie des Beaux-Arts en 2017. Il a participé à de nombreuses expositions individuelles et de groupe en France, en Allemagne, El caballo en Espagne et en Belgique. Collection privée (dépôt collection Lambert).