DESSINS

Mark Powell

L'Atelier
Loo & Lou Gallery - Haut Marais
28.04 - 10.06.23
 

Mark Powell est né en 1980 à Leeds en Grande-Bretagne, et a fréquenté l’université de Huddersfield dans laquelle il s’est inscrit un jour par hasard en rencontrant le responsable du département des beaux-arts à qui il montre quelques dessins. Ce dernier encourage son inscription, et Mark Powell commence alors à étudier le dessin et la peinture. 

Pour cette première collaboration avec la Loo & Lou, l’Atelier accueille une galerie de visages se superposant aux fragments de cartes et de plans. Premier et arrière plans confondent leurs reliefs, les rides devenant des routes, les tracés géologiques des ridules au coin des yeux. L’artiste dessine sa propre topographie, lui dont la vie mouvementée et les nombreuses pérégrinations l’ont mené de ville en ville, feuilletant sans doute les cartes et les plans qu’il recouvre aujourd’hui d’un trait raffiné. Ses dessins s’enracinent dans son déracinement même, dans ces sentiers empruntés ou imaginés dont les titres parfois évocateurs nous conduisent à la croisée des chemins. Les données terrestres deviennent supports de leur transformation en données anatomiques, et inversement. Le voyage a lieu dans ces va-et-viens qui nous inspirent des visages-paysages.

La persévérance de l’artiste et la minutie du trait éclatent dans l’immédiateté de la figuration qui jaillit avec force, rendue simplement par son instrument de prédilection, le stylo à bille. Il s’agit d’un travail consciencieux qui autorise peu les ratés mais qui demande clarté et délicatesse. Si Mark Powell se sent proche de Jean-Michel Basquiat, David Hockney ou encore Samuel Basset, la finesse de son trait rappelle tout autant le geste soigné et savant de la gravure. Claude Mellan au XVIIe siècle détachait le visage du Christ, flottant sur la feuille de papier, en le représentant d’un unique trait comme un long chemin reprenant le fil tissé du suaire de sainte Véronique. Powell s’amuse avec la même prouesse, dessine lui-aussi le tissage du visage. 

Si la fonction première d’une carte est de trouver son chemin, il s’agit aussi du visage aplani d’une ville, d’un lieu : elle en est la représentation schématique, essentielle et conventionnelle derrière laquelle se devine, si on le souhaite, le bouillonnement de vie et l’agitation citadine. Ce n’est pas un hasard si Mark Powell choisit également pour archives d’arrière-plan d’anciennes cartes postales qui rendent compte de vécus personnels, de fragments d’histoires. Nous imaginons les vies de ces visages, toutes leurs directions possibles ; c’est une invitation au voyage, un travail d’une qualité tout autant esthétique que narrative. 

- Nina Lashermes