Ils en font une tête, les êtres portraiturés par Didier Genty ! Dépecés, illuminés, ils semblent constitués de néons incandescents, de tunnels entrelacés, de réseaux en tous genres, tous en action. Tout bouge tout le temps … Dixit Françoise Monnin en visitant son atelier.
Il y a trente ans, il s’agissait d’un travail à la cire, sur de grands tirages photographiques. Des autoportraits, en fait. Puis, sont venus d’autres visages trafiqués, en exploitant les possibilités de l’ordinateur. Retour à la peinture, finalement, par besoin d’échafauder entièrement des structures, de reconstruire… Par plaisir, aussi : retrouver des sensations éprouvées face à certaines toiles de Vélasquez, Rembrandt ou Bacon, et plus encore devant des dessins d’Artaud. « Il ma toujours hanté »
"J’aime les muscles, la circulation sanguine, les dessous de la peau… L’identité, c’est l’ADN, invisible, intérieure. Mes portraits sont davantage liés à l’être profond d’un individu, au-delà des apparences. Au visage je préfère son empreinte. J’évite ainsi la complaisance propre à la pratique du portrait et de l’autoportrait, pour lesquels je préfère utiliser un appareil photo ! (...) Ma peinture comme cette Folfiri, ma chimiothérapie, coule dans les traits de ces natures mortes nauséeuses et dans ces corps en soubresauts, avachis. Du dedans des choses, des chairs et des humeurs grouillent tout en surface et en épaisseur, les griffures de la couleur, les traits cireux, brutaux et sans compromis. Une grosse fatigue, un mauvais goût dans la bouche, le corps est sans doute amoindri mais la peinture reste bien vivante, question de survie"
— Didier Genty, 2017