L’acte d’écriture s’apparente chez Tanc à une performance où il parvient à ce qu’il nomme lui-même « l’état de l’artiste », proche d’un état méditatif. Le geste devient alors si spontané qu’il se fait l’oscillographe de son rythme intérieur. « Je peins avec les battements de mon cœur » indique-t-il. Réalisant ses œuvres a fresco, sur de la peinture fraiche, il est soumis à la contrainte du temps et peint toujours d’une seule traite. Sa gestuelle s’apparente alors à une danse devant la toile ou une sorte de pratique d’un art martial à la fois zen et énergétique qui le poussent dans ses retranchements physiques. Les œuvres présentées dans l’exposition témoignent de la richesse et de la diversité de sa palette graphique. Tanc endosse le trait comme une seconde peau, spectateur de sa propre main. Le geste est libre et laisse jaillir la forme sans se laisser conditionner au résultat : lettres alphabétiques, idéogrammes, traits, boucles ou tout autre corps « dansant » s’accrochent et se répètent avec leurs embellissements, leurs emballements, leurs ralentissements sur cette « portée musicale ».
Sur certaines toiles, l’artiste a peint en grattant dans la première couche de peinture et ses écritures évoquent alors les inscriptions dans la pierre des premiers scribes, en conférant à l’œuvre un caractère presque sacré.
Passés les premiers réflexes de lecture dans une tentative veine de décryptage, l’œil peut alors se perdre dans les profondeurs de la toile et suivre les méandres de ces écritures.