Née en 1960, vit et travaille à Paris. Paléo artiste renommée, elle a exposé ses sculptures dans les musées du monde entier : Field Museum, Chicago ; Perot, Dallas ; Musée Gyeonggi-do Jeongo, Séoul ; CosmoCaixa Science Museum, Barcelone ; INAH, Mexico ; Narodni Museum, Prague ; Fondation Calouste Gulbenkian ; Musée de l'Homme, Paris, etc.

Depuis une dizaine d'années elle ajoute à ses reconstitutions scientifiques une œuvre originale traversée par une réflexion sur les enjeux de la figure humaine et du corps à l'heure contemporaine. Avec une première exposition dédiée à La Vérité des Visages elle commence une méditation sur l'identité et l'incarnation qu'elle poursuivra dans de nombreuses autres telles que Humans, Curieux face-à-face, Bouche B.. En 2019 elle participe à « Art up Lille » puis elle présente ses œuvres dans deux expositions : la première à la galerie du jour agnès b. à Paris et la seconde à la 836 M Gallery à San Francisco. En 2020 c'est la galerie Loo & Lou qui l'accueille avec Find yourself.

Pour Elisabeth Daynès le visage est le lieu d'un mystère, l'inverse d'une simple surface que l'on pourrait traiter comme un masque éphémère. Pour le montrer elle rassemble dans *Trash des faces abandonnées en un monticule multicolore parsemé de bouches rouges semblables à des pétales de fleurs qu'une main distraite aurait éparpillés. Autant de masques fugaces dont leurs détenteurs se sont défaits, déjà pris dans d'autres rêves de visages... Ce faisant elle nous interroge : le temps d'un visage serait-il désormais celui d'une fleur ?

Visages ou Mirages ? Versatiles et volatiles ces masques abandonnés donnent la mesure de la soif de métamorphose qui agite nos sociétés. Alors que la science invite à toujours plus de possibles, alors que la réécriture de soi est devenue pratique planétaire, l'artiste pointe les limites d'un futur où régnerait un prêt-à-porter de l'apparence.

Un visage s'y pourrait acquérir comme n'importe quel autre objet puis connaître le sort de n'importe quel objet: être jeté. Or, affirme avec force Elisabeth Daynès, le visage c'est tout au contraire le lieu même de l'expression des émotions, du surgissement de la pensée, de l'affleurement de l'être. Elle nous le dit dans ses statues hyperréalistes, vraies, vertigineusement vraies. Elle nous le dit dans ce curieux plongé dans un intense face-à-face avec une identité perdue. Elle nous le dit dans cette femme rivée à son miroir en quête de sa vérité. Elle nous le dit dans ce modèle aux yeux clos, figure même de l'apaisement.

Cette poétique du visage c'est tout l'enjeu du travail de l'artiste : célébration de la puissance métaphysique d'une face dans Identity, ode au végétal dans un envoûtant cortège de ménines, séries en plâtre où triomphe la singularité des êtres, effervescents bouquets de bouches écloses. En se focalisant sur une partie du corps ou du visage, en l'isolant et la transfigurant, Elisabeth Daynès donne naissance à des champs surréalistes dans lesquels des lèvres rouges fleurissent comme des coquelicots et des seins aux tendres nuances roses se transforment en pépinières insolites. Elle parvient à sublimer le détail anatomique en lui donnant une force poétique et crée un art du détail ou le détail se fait monde en soi. Ainsi, nous apprend-elle, le visage peut devenir paysage pour celui qui le sait regarder...

— Anne de Marnhac