"Il y a plusieurs années, la nécessité de mettre les mains dans la terre, matière organique, s’est imposée à moi et m’est devenue vitale. La reniflant, la malaxant, la froissant, la brisant, la griffant jusqu’à ce que la forme jaillisse…La terre est une matière vivante, dictant ses propres lois, qui réclame de l’attention, une écoute. Elle est mon guide dans notre union ; il n’y a que mes doigts, aucun outil entre elle et moi. Un combat à mains nues, une bataille acharnée et sauvage créant un jeu d’équilibre. Je cherche la faille, flirte avec le danger, explore le point de jonction, l’ultime point d’équilibre, l’instant où tout bascule, où l’accident jaillit, où la rencontre se produit, qui donne la vie, où la terre s’affirme et s’impose dans la création. Alors, la sculpture naît.
Et puis, il y a 7 ans, intervient la rencontre avec la porcelaine. L’envie d’accéder à davantage de douceur dans mes œuvres m’attire. Laissant de côté les monstres aux formes torturées jaillis d’un combat avec la matière brute, je décide de me confronter au blanc, à ce nouveau medium, à sa pureté et à son extrême finesse. La magie opère… très vite je comprends que la seule manière pour que cette terre prenne forme, c’est de lui donner amour et patience. Mon apaisement ne passera plus par la violence, mais par la quiétude.
Mes sculptures s’inspirent et se nourrissent depuis toujours de la figure féminine, avec pour thèmes obsessionnels : la naissance, le chaos, la mort qui n’est jamais loi. Mais aussi, la renaissance ! Il y a ce sentiment d’urgence qui s’impose à moi. Il me faut créer sans cesse, à partir d’une sensation, d’un mot, d’une image qui m’obsède ou s’impose dans l’instant. Puisque la vie c’est l’impermanence, puisque nous ne cessons de naître, de n’être plus, de n’être pas encore…"
— Catherine Wilkening
Architecte D.P.L.G. Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. Diplômé de la FEMIS. Pensionnaire de la Villa Médicis en 1991. L’ensemble de son travail est orienté sur l’espace, que cela passe par des paysages urbains et industriels ou des décors naturels remplis de spiritualités. L’artiste s’installe dans des lieux de mémoires.
Les travaux photographiques seront présentés pour la première fois à la galerie Loo & Lou à l’occasion de l’exposition l’Impermanence. Les vanités représentées viendront faire écho aux crucifix de Catherine Wilkening. En novembre 2018 une exposition personnelle lui est consacrée à la galerie.
Jean-Christophe Ballot a construit son œuvre sur un credo : la photographie est, selon la formule de Roland Barthes, un « ça a été ». Cette détermination à saisir et à rendre visible le travail du temps, qui oriente le travail du photographe, devait le conduire un jour à se mesurer explicitement avec les Vanités. Que les rituels soient chrétiens ou animistes, on retrouve le crâne, réalité autant que motif de l’universel memento mori (souviens- toi que tu vas mourir).
"Mes images interrogent la mémoire, elles portent sur l’histoire de ces lieux et de leurs transformations. L’essentiel est toujours un exercice sur le vide qui est au centre de tous mes travaux photographiques, et de ma réflexion. Je recherche le temps suspendu, et revendique une photographie contemplative"
— Jean-Christophe Ballot