CATHERINE WILKENING

« Comédienne depuis l’adolescence, un jour, en 2002, la nécessité de mettre les mains dans la matière s’impose à moi, la terre me devient aussitôt vitale. Je me lance dans la sculpture avec un instinct primaire, animal, guidée par une impulsion profonde irrépréhensible. L’exploration est souterraine et organique, mon travail est physique, sensuel, jouissif. L’intellect ne rentre pas en jeu, pas de plan conceptuel, ce qui passe par la tête n’est déjà plus, juste le lâcher prise et faire corps avec la matière vivante. C’est un saut dans le vide.

Mon travail se nourrit depuis toujours de la figure féminine, avec pour thème obsessionnel : la naissance, le chaos, la mort, la renaissance – l’impermanence – ou bien encore la dévoration, le cannibalisme, sujet que j’aborde en 2019 à travers mes sculptures de porcelaine pour Art Paris au Grand Palais avec la galerie Loo & Lou. Aujourd’hui, traversant ces longues périodes de confinement, dans un climat extérieur anxiogène, j‘éprouve la nécessité de me connecter au lumineux, au spirituel, à l’élévation, au transcendantal, de travailler sur la répétition, le multiple, le fourmillement, l’infini, l’infiniment monumental dans l’infiniment minuscule, comme des mantras qui apaisent et endorment les agitations cérébrales, comme de larges respirations - de construire à partir du chaos, à partir de fragments de sculptures avortées ou à l’abandon, et leur donner un nouveau souffle de vie... De ces longs mois de gestation sont nées d’immenses madones immaculées de porcelaine, parées d’or, de verre de Murano, couronnées de roses, d’épines, de racines... » 

— Catherine Wilkening