Un courant de conscience...
Pour ce deuxième rendez-vous avec la galerie Loo & Lou dans son espace du 3ème arrondissement - 20 Rue Notre Dame de Nazareth, 75003 Paris - l’artiste belge Johan Van Mullem propose ATARAXIE, une exposition qui confirme la place de l’introspection au coeur de son travail. Ses célèbres représentations abstraites de visages se transforment en une perspective du monde extérieur à travers des paysages. Les portraits anthropomorphes sélectionnés dans cette proposition agissent alors comme un catalyseur de cette transition où l'humain semble fusionner à la nature. Portraits et paysages éthérés naissent des profondeurs du monde silencieux et inconscient de l'artiste où sont stockées ses informations émotionnelles. Selon l'artiste, les paysages offrent une perception claire dans un monde de plus en plus incertain. La peinture lui permet de libérer et de tenter de comprendre les impressions que ce monde a imprimé de force dans son subconscient depuis le début de son existence. Son travail fait également référence à ses origines flamandes, il pense que ces impressions peuvent être transmises de génération en génération et d'une âme à une autre. Il aime à croire que Rembrandt et Da Vinci sont comme des « compagnons » qui l’accompagnent tout au long de son parcours d’artiste.
Dans cette nouvelle série, Van Mullem développe son style unique : un "courant de conscience" entre figuratif et abstraction sur lequel il travaille depuis son plus jeune âge. L'artiste a commencé à dessiner à l'âge de cinq ans et n'a jamais cessé, suivant les traces de son père, diplomate, et de son grand-père. Né au Congo, il passe ses années de formation en Tunisie, un endroit qu'il décrit, après y être retourné à l'âge adulte, comme habité d'une lumière merveilleuse. C’est en quête de cette lumière authentique qu’il a fini par introduire de nouvelles couleurs et une nouvelle luminosité dans ses peintures de paysages.
Van Mullem travaille avec des encres à l'eau-forte à base d'huile qui lui rappellent ses années de gravure. Créant une profondeur sur laquelle il glisse ensuite et qu'il efface, la lumière se dévoile et le sujet prend vie ; le soleil se montre, une averse éclabousse une étendue d'eau, le vent souffle. L'artiste crée un monde imaginaire avec des couleurs non conventionnelles qui sont le reflet de son âme et de ses réminiscences issues de son conscient et de son subconscient. Les paysages ont toujours été historiquement un moyen d'évasion et d’éveil spirituel. Aux XIXe et XXe siècles, les romantiques réalisaient des paysages qui évoquaient la contemplation et l'existentialisme, afin de mettre en exergue la grandeur du monde face à la petitesse de l’Homme. Plus l’oeil fixe les tableaux de Van Mullem, plus la topographie unique devientperceptible et facilite la réflexion, comme si l'on regardait à travers une fenêtre embuée son propre reflet dans la vitre projeté sur un vaste paysage.
— Alexandra Gilliams