En février 2016, la galerie Loo & Lou accueillait la toute première exposition d’Arghaël intitulée Raw ( « cru » , « brut » ) constituée d’une série de dessins de nus au fusain d’après modèles vivants.
On découvrait les compositions minérales de cet artiste au geste ample et nerveux et au trait sinueux, dévorant le papier, explorant le visible, exposant les plis et replis de corps présentés dans toutes les aspérités de leur enveloppe, sans compromis.
On assistait à la naissance d’une œuvre questionnant le mystère de la chair et se frottant de manière physique à l’inconscient pour accueillir avec bienveillance l’accident pictural. Une œuvre tirant déjà toute sa singularité et sa tension vitale d’un hiatus entre la représentation d’un corps archétypal puissant saisi dans des postures insolites et la composition verticale et aérienne du dessin, au trait fluide.
Aujourd’hui la galerie Loo & Lou accueille la seconde exposition de dessins d’Arghaël. L’artiste a en effet donné naissance à une série de personnages à l’échelle 1/1 tout droit sortis de sa « caverne intérieure ». Des êtres bruts et originels, nés sous le geste au fusain, évoquant des carcasses géantes articulées qui se déplient et se déploient pour se dresser cette fois, non plus sur le papier, mais sur la toile.
Dans son exploration du corps, l’artiste franchit une nouvelle étape en nous donnant à voir au sens littéral l’intérieur de notre être. Au plus près de la chair, de l’os et des vaisseaux sanguins, il trace sur les parois de sa grotte intérieure matérialisée par la toile comme seconde peau, ses personnages de « piédilection » comme il les nomme. Ces géants de carbone aux extrémités disproportionnées et aux visages évanescents semblent parfois léviter sous l’action du geste libéré.