Serge Rezvani est né le 23 mars 1928 à Téhéran, d’un père perse, danseur et magicien et d’une mère russe, violoniste et amazone.
Arrivé en France à l’âge de un an, son enfance sera de nulle part, ballottée par les souffrances d’une mère malade qui le conduiront dans d’invraisemblables pensions de Russes émigrés, où seules ses qualités précoces de dessinateur lui permettront de se préserver, d’exister en étant un peu admiré.
Fuyant l’épouvante de cet univers carcéral, il se cache à 15 ans sous une fausse identité dans le Paris de l’occupation allemande et se réfugie dans les ateliers de l’illustre Académie de la Grande-Chaumière.
« Je voulais vivre la peinture et non pas produire des tableaux. Je ne gardais rien de ce qui sortait de mes mains ; les dessins tombaient à terre sans que je me donne le peine de les ramasser ; pendant des mois, je peignais sur la même toile que je grattais lorsque la couche en devenait trop épaisse. J’aimais l’acte de peindre, j’aimais la vie qu’imposait l’acte de peindre, j’aimais l’extraordinaire tension qui me mettait en quelque sorte hors de moi lorsque, debout devant la toile, je n’étais plus moi mais ce qui se faisait sur la toile. »
À 17 ans, une heureuse rencontre avec Paul Eluard aboutit à la réalisation de Elle se fit élever un palais dans la forêt, livre rare, édité à 16 exemplaires, illustré des gravures de Serge et bouleversante vision prémonitoire de la merveilleuse histoire d’amour qu’il vivra quelques années plus tard avec Lula.
Enthousiastes, dans l’esprit du nécessaire repartir à zéro de cet après-guerre, Serge et ses amis, les peintres Jacques Lanzmann, Pierre Dmitrienko, le sculpteur Raymond Mason, croient au pouvoir de l’artiste à changer le monde, à la peinture comme destinée.
Le chatoiement de ses œuvres de jeunesse, humbles compositions à la colle de peau de lapin sur toile de jute, s’affirme parfaitement dans le cadre d’un art informel, un peu trop hâtivement baptisé Seconde école de Paris. Les succès critiques et commerciaux (expositions chez Maeght (aux Mains éblouies), sur les cimaises des galeries Arnaud, Berggrüen, Lucien Durand, Jacqueline Ranson à Paris ou, Hanover à Londres), questionnent douloureusement Rezvani sur son rapport à la peinture.
Ayant fait sien le mot de Picasso, ce n’est pas ce que l’artiste fait qui compte, c’est ce qu’il est, il décide de fuir Paris et le climat irrespirable du commerce de tableaux, pour vivre avec l’amour absolu de sa vie Danièle-Lula, rencontré en 1950.
C’est dans le massif des Maures, un continent unique au monde, un lieu refermé sur lui-même, que le couple s’installe dans une petite maison isolée, La Béate. Dans cette retraite heureuse, Rezvani assume son désir d’écart absolu, d’être à coté, de nier la société du nombre dans une quête simple et totale de vérité. Paradoxalement, sa peinture s’exprime en une angoisse profonde, relents traumatique d’un vécu brutal. Cette dualité entre tourments et joie illustre les vies parallèles d’un artiste qui s’est toujours refusé à tricher.
Puis vint le passage du pinceau à la plume, l’isolement imposant doucement l’écriture.
Entre-temps, Serge, sous le pseudonyme de Bassiak (va-nu-pieds en russe), avait transmis sa tendresse et son humour à travers quelques fameuses chansons (Le Tourbillon (de la vie), Ma ligne de chance...) qui firent le bonheur des cinéastes François Truffaut et Jean-Luc Godard et de leurs spectateurs et appartiennent aujourd’hui à une certaine mémoire collective.
Les Années-Lumière (1967), Les Années Lulla (1968), Le Portrait ovale (1976) ou Le Testament amoureux (1981), livres passionnés, restituant la vie de leur auteur, comptent parmi les jalons d’une prolifique œuvre littéraire et théâtrale, Serge aimant se qualifier d’artiste pluri-indisciplinaire. Alors si la peinture s’éclipse par moments, elle ne tarde pas à revenir, car l’auteur nourri et enrichi par l’expérience de l’écriture, sait maintenant que sa main peut dévoiler ce que le cerveau ne sait pas.
Ainsi en 1971, Les horreurs de la guerre électronique, présentées lors de l'exposition Toiles sur le Vietnam à l’ARC, qui est le département contemporain du Musée d'art moderne de Paris. Ce sont de grandes toiles contre la guerre alors menée par les États-Unis au Vietnam.
Puis la formidable série des grandes toiles peintes durant l’année 1974 et choisies pour être montrées par le tout nouveau Centre Pompidou encore inachevé, constitue une merveilleuse déclamation visionnaire, ne pouvant être conçue que comme les tableaux de quelqu’un qui écrit.
Des lors, une interaction subtile va régir les liens entre la peinture et l’écriture de Serge. Ainsi en 1992, à la suite des Repentirs, toiles des années 1960 reprises à trente années de distance, fait écho à la publication en 1993 chez Stock [des] Repentirs du peintre. Pluri-indisciplinaire !
Cette dualité féconde, apaisée et domptée, trouve un de ses ultimes et sublimes échos dans les Réserves, initiées à la fin des années 1990, peu de tant avant la disparition de Lula en 2004.
J’ai écrit comme j’ai peint et j’ai peint comme j’ai écrit, nous dit Serge Rezvani, homme libre, qui a toujours su refuser de vivre ce que je ne veux pas pour vivre ce que je ne sais pas.
EXPOSITIONS (Extraits)
1947
Groupe « Les Mains Éblouies »
Galerie Maeght - Paris
1948
Groupe « Les Mains Éblouies »
Galerie Maeght - Paris
1949
Groupe « Les Mains Éblouies »
Galerie Maeght - Paris
1950
Galerie M.A.I. - Paris
1951
Galerie Arnaud - Paris
1953
Galerie Berggrüen - Paris
1955
Galerie La Licorne - Bruxelles
Galerie Kléber - Paris
1957
Galerie Diderot - Paris
1959
Galerie Lucien Durand - Paris
1960
Galerie Lucien Durand - Paris
1961
Hanover Gallery - Londres
1964
Galerie Saint-Germain - Paris
Galerie Cavalero - Cannes
1966
Galerie Jacqueline Ramson - Paris
Galerie Cavalero - Cannes
1969
Galerie Cavalero - Cannes
1971
« Les horreurs de la guerre électronique »
Musée d’Art Moderne - A R C - Paris
1975
« Les plages »
Centre Georges Pompidou (Centre Culturel du Marais) - Paris
1987
OEuvres abstraites de 1947 à 1952
Galerie Callu Mérite - Paris
1988
OEuvres abstraites de 1947 à 1952 - 2ème partie
Galerie Callu Mérite - Paris
1994
« Repentirs » et « Blanches »
Galerie Lucie Weill & Seligmann - Paris
1999
« Donna »
Galeria del Leone - Venise
2012
« Ils croient jouer au football… »
Galerie Guillaume - Paris
Collections
LaM -Villeneuve d’ascorbique
Musée de Nantes
Musée de Saint Etienne
Centre Pompidou
Vitraux
Église Sainte Anne - Saint-Nazaire
Église Saint Nicolas - Oye-et-Pallet
Bourgogne-Franche-Comté