Avec leurs jambes étirées à l’extrême, certains des corps sculptés de Paul Pignol ressemblent à ceux de Giacometti, dont ils partagent la préoccupation du rapport entre figures et espace contigu. À l’instar du maître, ses sculptures sont engluées dans la matière et dans des socles larges, parfois massifs, parties intégrantes de l’œuvre. Et la nudité féminine y est centrale : l’artiste en interroge la présence, en déforme les volumes à travers un modelé vigoureux et grumeleux, faisant transparaître le travail de la matière. En revanche, Paul de Pignol n’extrait pas les figures de la matière, il les crée en agrégeant une multitude de petites boules de cire qu’il coule ensuite en bronze. Le titre de l’exposition « Né du Limon » va dans ce sens : ses sculptures naissent du sol fertile auxquelles elles sont symboliquement comme attachées, elles sont issues d’un ensemble de particules mêlées puis coulées dans le bronze, en un tout unique et indivisible. Outre ses sculptures de gisants souvent dépourvues de membres et proches de la monstruosité, la Loo&Lou gallery présente ses paysages tout aussi organiques et des dessins s’inscrivant dans le prolongement de son travail sur les volumes : la lumière y est travaillée « par petites touches d’effacement de matière ».

Emma Noyant